Digital storytelling : Alexander, l’Européen de cœur

Alexander, 25 ans, est Allemand. Il a des racines slovaques, un amour prononcé pour la Suède, a vécu en Espagne et fait en ce moment un stage en France, à Strasbourg.

Pour ce premier « récit de vie », nous recherchions un jeune Européen qui aurait fait un échange universitaire, un stage à l’étranger ou serait parti en volontariat. Avec Alexander, pas besoin de choisir, il a tout fait ! À la fin du lycée, ce jeune Berlinois voulait tester la vie ailleurs, et est parti pendant six mois en Slovaquie pour un Service Volontaire Européen (SVE) dans une association d’aide aux sourds et malentendants. Il a enchaîné avec un service civique de six mois, à Paris. Deux ans plus tard, Alexander est reparti pour un échange universitaire, en Espagne cette fois-ci. Il fait maintenant un stage de six mois à Strasbourg, à la Maison Européenne de l’Architecture.

L’Europe, un terrain de jeux qui fait grandir

Alexander est un passionné des langues et veut travailler dans la traduction. La pratique linguistique que lui permettent ses expériences à l’étranger est donc une ressource inestimable pour lui : en plus de l’Allemand, il parle couramment l’Anglais, l’Espagnol et le Français, et s’exerce au Suédois.

Sa passion pour la traduction, c’est justement grâce à son échange en Espagne qu’il l’a découverte. Alors qu’à Berlin il n’avait pas eu la possibilité de prendre des cours dans ce domaine, l’université espagnole lui a proposé des cours en interprétation. Partir, c’est s’ouvrir aux découvertes, aux nouvelles opportunités. Surtout lorsqu’on est jeune et qu’on doit apprendre à se débrouiller seul, dit Alexander : « quand j’étais au lycée, s’il y avait un souci, je m’adressais à mes parents. Mais là en Slovaquie c’était vraiment moi qui était le seul responsable de tout […] Je me suis défendu, j’ai défendu mes propres intérêts et j’ai pu voir que ça a un effet si je lutte pour mes propres droits. C’était un grand progrès personnel ». Il répète plusieurs fois durant l’entretien combien il s’est endurci au fur et à mesure de ses expériences. Aujourd’hui, il se sent beaucoup plus capable et serein pour partir encore plus loin – son prochain projet est de partir travailler au Canada en automne prochain.

« Dans mon stage à Strasbourg je sais que je suis actif, je créé quelque chose. C’est pas seulement pour l’échange, pour avoir une expérience à l’étranger, c’est vraiment un projet professionnel dans lequel je vais laisser peut-être une trace »

Le changement, l’inconnu, la solitude : des prix à payer

Partir à l’étranger n’est facile pour personne. La solitude, le manque, se sentir perdu face à l’inconnu et avoir l’impression d’être inutile, de ne pas avoir de véritable rôle à jouer, sont des sentiments qui ont accompagné la plupart des expériences d’Alexander à l’étranger. « Ca c’est quelque chose qui fait peur. Si on décide de s’établir quelque part, on accepte aussi de laisser échapper une durée de sa propre vie ailleurs. Si on quitte ses origines, on est un peu découpés de tout ce qui se passe là-bas ».

Idem au moment du retour, Alexander a ressenti le décalage connu de la plupart des voyageurs, la fameuse « déprime post-voyage » : « La première année en Allemagne après avoir été à l’étranger pendant un an c’était très dur, parce que j’avais la sensation que ce n’est plus ma place à Berlin. Ce n’est plus ma maison, j’ai vécu tellement de choses, j’ai vécu dans des endroits différents, j’ai aussi voyagé avec Interrail en Europe. Et après retourner à Berlin, retrouver des gens qui n’ont pas vécu ces expériences… on se sent seul. J’ai ressenti ça comme une grande solitude, de n’avoir personne avec qui je pouvais partager mes expériences ». Alexander s’imagine de plus en plus vivre à l’étranger sur le long terme, et même définitivement. Après avoir savouré le goût du voyage, l’envie de repartir revient toujours à la charge.

 

 

Ecrit par Anais Bertron

19 mai 2017