À l’occasion des élections présidentielles 2017 : Les migrant(e) s de France donnent de la voix !

Le Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations [FORIM],

Plateforme française d’organisations de solidarité internationale issues de l’immigration souhaite interpeller les candidat[e]s aux élections présidentielles et influer leurs positionnements sur les politiques d’immigration et daide publique au développement et de solidarité internationale. Ces positions se sont forgées à travers la conduite d’actions phares menées ces dernières années avec notamment l’animation de la caravane nationale du Codéveloppement sur le thème le Vivre Ensemble ne se décrète pas, il se construit et le lancement d’une campagne de mobilisation citoyenne visant à déconstruire les mythes sur les liens entre migrations et développement. Par ailleurs, au niveau institutionnel, le FORIM a notamment co-présidé, avec Force Ouvrière, le groupe de travail migration et développement du Conseil National pour le Développement et la Solidarité Internationale [CNDSI], et tient à porter les recommandations pluri-collégiales qui ont été formulées dans son rapport publié en juin 2016.

Plus de 5.6% des résident[e]s en France ont émigré de pays extra-européens. L’essentiel d’entre eux[elles] maintiennent des liens socio-économiques soutenus avec leurs territoires d’origine, tout en participant au destin et au dessein français. L’immigration est ainsi un vecteur de développement, des territoires de départ, comme des territoires d’accueil. Or la dialectique Migration-Développement est considérablement influencée par l’environnement social et par la cohérence des orientations politiques locales, nationales et transnationales. De la crise des migrants aux théories du grand remplacement, de la fixation des populations à la lutte contre la radicalisation, force est de constater qu’un imaginaire collectif et incantatoire s’est progressivement forgé au sein de l’opinion publique sur l’articulation entre migration et développement, alimenté notamment par une partie du corps politique et médiatique au gré de positionnements simplistes et démagogues.

Au niveau national, l’immigration coûterait cher à la France, affaiblirait son identité nationale et sa sécurité intérieure, en étant notamment vecteur de terrorisme ; au niveau international développer les pays d’origine permettrait d’y fixer les candidats au départ et de limiter la radicalisation, etc. Le récent débat législatif impulsé par l’exécutif relatif à l’opportunité de déchoir les binationaux de la nationalité française en cas d’atteinte grave à la vie de la Nation est un symptôme symbolique de plus, donné à voir par le plus haut niveau de l’état, du manque de sérénité et de clairvoyance sur le sujet : nous déplorons vivement cette perte de temps et d’énergies !

Parce que nous appartenons à au moins deux espaces de vie, nos propositions concernent aussi bien la politique intérieure que la politique extérieure de la France. Dans ce sens, l’adoption récente des Objectifs du Développement Durable confirme la nécessité de penser la solidarité et la citoyenneté de façon globale et transnationale, comme nous le portons d’ailleurs depuis longtemps dans nos associations respectives. Plus que de grandes réformes, nous pensons que certaines mesures simples mais néanmoins prioritaires contribueront à raffermir des liens positifs entre migrations et développement pour une société pacifique, plus durable et inclusive, ici et là-bas.